​​C'est le début de l'été, la Loire est basse et l'eau semble claire. Je m'équipe au bord de l'eau : combinaison, plombs, palmes, masque et tuba. Chaque élément contribue à mon confort et ma sécurité. Un premier coup d'œil sous l'eau et mon impression se confirme, la visibilité et bonne, près de 3 mètres ! Je nage quelques minutes en surface pour m'échauffer et surtout prendre mes repères : j'ai beau connaître le coin par cœur, la Loire est un fleuve sauvage. D'une fois sur l'autre, un banc de sable a pu se déplacer, un arbre se coincer dans le courant. Prudence !

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Une fois prêt et détendu, je prends une longue inspiration et d'un mouvement souple je plonge sous la surface. J'entre alors dans la troisième dimension. Les courants, tels des routes invisibles, me poussent tantôt vers le fond avec force, ou m'éjectent vers la surface. Il est vain de lutter contre la force de l'eau, mieux vaut l'accepter et en tirer le meilleur parti. Quel plaisir, une fois cet écheveau décrypté, de choisir ma voie d'un simple coup de palme !

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Je glisse en apesanteur, guidé par les rayons du soleil qui filtrent depuis la surface. À quelques mètres en aval du pont, la vie est là, sous la surface : ablettes, chevesnes et jeunes sandres côtoient les écrevisses dans les rochers, alors que les brochets rôdent sous les branches non-loin. Les courants traîtres sont les alliés de ces nageurs nés. Sous la masse d’eau qui déferle, de sombres silhouettes guettent la proie facile. Tapis au fond des fosses, ce sont les géants tant décriés : les silures glanes. Ils trônent, face au château royal, au sommet de leur chaine alimentaire. Je tombe sous le charme de ces léviathans d’eau douce. Ils sont mes Seigneurs de Loire.

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Je leur rends de nombreuses visites afin d’apprendre à les connaître et les photographier. Je souhaite montrer ces images aux habitants d’Amboise, aux visiteurs de passage. Aux pêcheurs, à tous les curieux. La Loire, ici à Amboise, recèle un écosystème merveilleux, juste sous nos yeux.